Partir de l’humain, voir à long terme, collaborer et co-construire… le développement durable offre de puissants leviers d’innovation et de transformation.

Raisonner en écosystème.

Selon Paul Polman, président d’Unilever « Les enjeux auxquels nous sommes confrontés sont tellement énormes et les objectifs tellement difficiles à atteindre que nous ne pouvons pas agir seuls.». Par nature, le développement durable implique le dialogue avec les parties prenantes, soit toutes les organisations qui partagent les mêmes préoccupations sociales, économiques et environnementales : ONG bien sûr, acteurs d’une filière industrielle, représentants de communautés locales, fournisseurs, clients et salariés, etc.

Bien cadré et structuré, cet esprit de collaboration aide non seulementà protéger la réputation de l’entreprise, mais aussi à innover. Ainsi un partenariat entre Danone et l’association Bleu Blanc cœur a permis de supplémenter la nourriture pour animaux avec des céréales, dont du lin, pour enrichir le lait en Omega 3. Un bénéfice double, qui a conduit à la fois à améliorer la santé et le bien-être animal et à offrir des produits laitiers de qualité, naturellement riches en Omega 3, pour les consommateurs.

Réconcilier l’humain et la technologie.

Les sujets où progrès humain et progrès technologiques comptent à poids égal sont rares. Tout simplement parce qu’ils sont traités par des services différents, par exemple ressources humaines et R&D. Le développement durable fournit des cadres pour conduire une réflexion globale. Ainsi, en fournissant une plateforme collaborative à destination des entrepreneurs sociaux, l’association Make sense agit comme un accélérateur de projets.

Partir de l’usage.

Chercher à améliorer les impacts sociaux et environnementaux de l’activité économique en restant dans le même schéma de production et de distribution n’amène que des petits pas : proposer un produit moins nocif que le « standard ». Le développement durable invite au contraire à repenser l’approche des produits et services, en partant de l’utilisateur. En lançant la plateforme SelonVous de coopération sur le bricolage, Leroy-Merlin permet aux bricoleurs de s’échanger des informations, de s’exprimer sur des propositions de la marque ou encore de s’essayer à l’impression 3D de pièces en magasins. Une vraie réponse à un besoin client. 

Mettre à plat son business model.

Bousculer le statut quo, c’est par exemple vendre du service plutôt que du produit, comme Michelin Fleet qui facture ses clients au kilomètre, donc encourage une moindre utilisation. Autre exemple, l’essor des circuits court dans la distribution alimentaire, qui permet d’ouvrir de nouveaux débouchés aux agriculteurs tout en offrant aux consommateurs des produits de qualité à des prix raisonnables. Les succès des Amap, de la Ruche Qui Dit Oui, incitent maintenant à développer des circuits courts pour les professionnels de la restauration.

Faire évoluer son management.

Considérer ses salariés comme une partie prenante, et entamer une démarche de co -construction avec eux, c’est le premier pas vers la responsabilisation. Selon Isaac Getz, inventeur du concept d’entreprise libérée, c’est mobiliser une ressource disponible, puisque 11% seulement des salariés seraient activement engagés dans l’entreprise en France. Ces modèles ont été appliqués avec un certain succès chez Poult, ou encore Zappos, site de vente en ligne de chaussures, aux Etats-Unis. En remplaçant les fonctions support et le management intermédiaire par des groupes de travail ou cercles autogérés, l’enjeu est de responsabiliser les salariés, ceux qui « font », et de retrouver agilité et innovation.

Prendre le leadership.

Une stratégie qui intègre le développement durable est une stratégie qui repose sur une vision à long terme de l’entreprise. Le plan Mission Zero d’Interfaceflor a été élaboré à partir 1994 par le Président Ray Anderson avec un horizon 2020. Ce plan mobilise fortement l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise. Il a permis de réduire fortement l’empreinte carbone du groupe, notamment à travers l’innovation produit : recyclage des déchets, mis au point de matériaux intelligents, etc. Au total une forte différenciation et une valorisation de la marque dans un marché des revêtements de sol BtoB initialement banalisé.

En conclusion,
loin d’être une contrainte, le Développement Durable est aujourd’hui un levier sur lequel les organisations peuvent s’appuyer pour démontrer leur capacité d’innovation et de leadership dans de multiples domaines : produits, business modèle ou mode de management. C’est aussi une manière de replacer l’humain au centre des préoccupations de l’entreprise, de rappeler que la technologie est un moyen puissant qui peut être mis au service d’une réflexion globale et long terme.