L’exposition consacrée à Paul Klee, ce printemps au Centre Georges Pompidou, nous a offert un éclairage étonnant sur l’œuvre du peintre. Lui qui se voyait comme une « faille dans le système », avait à cœur de dénoncer les dogmes et standards de ses contemporains : la froideur, l’absence de vie des figures cubistes, ou l’approche hyper-rationnelle du Bauhaus. Le tout mine de rien, car ses œuvres ont un abord accessible, parfois naïf, souvent inspirées par des souvenirs d’enfance.
Comment nous en inspirer pour innover et changer les cultures ?
Montrer les coutures
Selon Paul Klee, « L’art ne reproduit pas le visible, mais il rend visible ». Dans une entreprise, c’est en osant voir les problèmes qu’on peut espérer les résoudre, décrypter les codes pour comprendre ce qui nous enferme. De préférence, en impliquant les principaux intéressés. Demander un retour d’expérience à des collaborateurs nombreux permet de dégager des grands enseignements, en utilisant par exemple des messages vidéo, comme le propose la startup anglaise Miituu. Encore mieux, capter en continu les avis des clients, en n’hésitant pas à aller les questionner directement. Ainsi, on reçoit une vision de l’extérieur, qui est souvent un bon connaisseur… s’il trouve une oreille attentive.
Sortir du cadre pour libérer les créativités
Limites et conventions sont très utiles… pour les dépasser. Lorsqu’on raisonne par insight utilisateur, on recherche les problèmes et les insatisfactions rencontrés par un grand nombre de clients. Les normes sectorielles, par exemple, s’avèrent alors un terreau très riche pour innover et trouver de nouveaux business models. Lorsqu’Evaneos met en relation direct les particuliers avec des agences de voyages locales dans 160 destinations, elle prend appui sur une complexité de la chaine logistique et commerciale qui n’a plus de justification. Lorsque Gymlib propose des entrées en salle de sport sans engagement, elle innove en faisant sauter la barrière de l’abonnement obligatoire.
Revenir à l’utilisateur pour trouver des idées fraîches
Pour s’affranchir des codes et des systèmes, une constante : revenir à l’utilisateur, son expérience. Si dans les années 90, le cirque du soleil[1] a redéfinit les standards du cirque en offrant des spectacles sans cesse renouvelés, s’inspirant de l’esthétique du théâtre ou du cinéma, aujourd’hui le festival de musique Coachella offre à ses spectateurs un casque de réalité virtuelle pour profiter du festival en avant-première et accéder à des contenus exclusifs. C’est l’observation des comportements, de nouvelles habitudes de consommations liées à des mutations sociales ou technologiques, qui permet de faire émerger de nouvelles propositions.
Bien plus qu’un ton ou un style, l’ironie romantique comme la pratique Klee, c’est davantage une posture, basée sur l’observation et la prise de distance. Redonnons-lui la parole pour conclure avec un brin d’humour : « Voir d’un œil, sentir de l’autre. »
[1] Développé dans la Stratégie Océan Bleu, Renée Mauborgne et W. Chan Kim